Une formation à deux vitesses
Le Gabon dispose de pôles d’excellence tels que l’INSAB (USTM) et l’École Nationale de Développement Rural à Oyem, qui ciblent la qualification technique et l’entrepreneuriat. Mais les structures de formation de masse – IGAD, lycées agricoles – souffrent de sous-financement chronique, de manque d’équipements et d’une faible adaptation aux réalités du terrain.
Pour répondre à ce déséquilibre, le Collège des jeunes recommande un investissement massif dans les infrastructures pédagogiques, la modernisation des contenus et l’intégration de modules pratiques sur la gestion, le marketing et le montage de projets. Il appelle également à un accompagnement post-formation pour éviter que les jeunes formés ne soient livrés à eux-mêmes.
Des ressources productives encore inaccessibles
L’accès au foncier reste complexe et peu sécurisé. Bien que l’ADAG attribue des terres aux jeunes porteurs de projets, les procédures sont longues et opaques. Le Collège plaide pour une simplification des démarches et une sécurisation juridique des droits fonciers, notamment pour les jeunes femmes, souvent marginalisées.
Les intrants agricoles sont distribués de manière ponctuelle via des projets État-partenaires, sans mécanisme pérenne. La mise en place d’un système national de distribution d’intrants subventionnés permettrait de stabiliser l’accès et de réduire les coûts.
Enfin, le manque d’information constitue un frein majeur. Beaucoup de jeunes ignorent les dispositifs existants. Une campagne nationale de sensibilisation, appuyée par la création de guichets décentralisés dédiés à la jeunesse agricole, est jugée indispensable.
Des débouchés à structurer
Les jeunes producteurs évoluent dans un environnement libéralisé, sans filières organisées ni mécanismes d’achat prioritaire. L’absence de coopératives dynamiques, de structures de transformation et de circuits de distribution adaptés limite la valorisation des produits locaux.
Le Collège propose de structurer des filières agricoles porteuses, de renforcer la transformation locale, de créer des points de vente communautaires et de faciliter la participation des jeunes aux foires agricoles. Il recommande également le développement de plateformes numériques de mise en relation entre producteurs et acheteurs, ainsi que la promotion de labels « Made in Gabon ».
Des politiques publiques à concrétiser
Le Gabon affiche une volonté politique de renouveler les acteurs du secteur agricole, avec des projets orientés vers les jeunes et les femmes. Mais sur le terrain, la réalité est contrastée. Selon le Recensement Général de l’Agriculture (RGA 2021), le pays compte environ 100 000 petits producteurs, majoritairement des femmes âgées en milieu rural.
Pour que les politiques publiques soient réellement inclusives, le Collège recommande de renforcer la coordination entre les ministères concernés, d’intégrer les jeunes dans les organes de gouvernance agricole, et de garantir un budget de fonctionnement pour le Collège des jeunes. La décentralisation des dispositifs d’appui est également une priorité pour toucher les jeunes en dehors des centres urbains.
Un écosystème d’appui à consolider
Trois niveaux d’accompagnement structurent aujourd’hui l’insertion des jeunes : l’État, les organisations professionnelles comme le CNOP-Gabon, et les partenaires techniques tels que la FAO, le PNUD ou l’AFDI. Si ces acteurs jouent un rôle important, leur action reste souvent cloisonnée et inégalement répartie sur le territoire.
Le Collège appelle à renforcer les synergies entre ces acteurs, à formaliser les procédures d’accès aux dispositifs, et à accompagner les jeunes dans la conception de plans d’affaires et les démarches de financement. Il insiste également sur la nécessité de soutenir l’acquisition de matériel agricole moderne et adapté.
Le rôle stratégique de la PROPAC
La PROPAC joue un rôle catalyseur en formant les jeunes leaders au plaidoyer, au financement et à la gestion des chaînes de valeur. Elle facilite l’accès aux fonds d’investissement régionaux et aux programmes portés par l’AFDI, la CEEAC ou la CEMAC. Elle constitue un levier essentiel pour faire émerger une génération d’agriculteurs gabonais compétents, connectés et influents.
Une jeunesse prête à relever le défi
Malgré les obstacles, la jeunesse agricole gabonaise fait preuve de résilience, d’innovation et d’engagement. Avec un appui institutionnel cohérent, un financement adapté et une formation continue, elle peut devenir le pilier d’une agriculture moderne, inclusive et durable.
Article rédigé dans le cadre du Collège régional des jeunes de la PROPAC – novembre 2025 #InsertionJeunes #AgriLeadership #Gabon #PROPAC2025 #PlaidoyerAgricole #AfriqueCentrale
